Le sens du service et de la courtoisie au Japon: persistance du giri
Anecdote Japonaise
J'avais acheté un jean à Yokohama au début du voyage dont la taille ne correspondait pas.
Je suis retourné dans le magasin un peu plus d'une semaine après. Bien sûr j'avais perdu le ticket et très certainement dépassé le délai légal de restitution.
Ne parlant pas japonais je parvins tout de même à me faire comprendre. La vendeuse qui m'accueillit avec le sourire était gênée car elle ne savait pas quand j'avais acheté le pantalon qui était heureusement encore étiqueté! Elle m'a donc demandé la date à laquelle j'étais venu.
Je n'arrivais pas à me souvenir quel était le jour précis tellement nous avions fait de choses différentes toute la semaine. Elle a donc regardé dans l'historique des ventes sur trois jours et a finit par retrouver le jean grâce au numéro de série et à ressortir le ticket.
Cette situation paraît banale? Imaginez-vous faire cela en France et la façon dont vous seriez reçu? La vendeuse en question était plus mal à l'aise que moi. Si je me suis excusé plusieurs fois elle s'est encore plus excusé de n'avoir pas été plus rapide!
Le Giri
Cette expérience m'a remémoré la notion de Giri que j'avais découvert dans un compte rendu sur le Japon réalisée par la sociologue américaine Ruth Benedict.
L'ouvrage intitulé "Le chrysanthème et le sabre" est une étude "d'anthropologie à distance" qu'elle a publié suite à de nombreuses recherches sans n'être jamais ni allé au Japon ni avoir su parlé la langue. Ce livre reste une référence lorsqu'on parle de description de la mentalité japonaise d'avant guerre.
Le Giri est une notion propre aux japonais et ne trouve pas de traduction littérale dans notre langue. On peut le rapprocher de la notion de devoir et d'obligation. (Sur Wikipédia vous trouverez en corrélation l'interprétation intéressante d'Inazo Nitobe, l'auteur de "Bushido, l'âme du Japon" que je vous invite à lire si vous ne connaissez pas).
Bien que les mentalités aient évolué depuis l'après guerre on remarque facilement comme les gens font très attention à ne pas s'indisposer les uns les autres en respectant les règles d'un "inconscient collectif social". Le Giri intervient ici comme un mot permettant de désigner une manière de se conformer aux codes qui doit finalement relevé du "bon sens" pour tout natif japonais.
J'ai été encore plus marqué que lors de mon premier voyage en 2008 par ces comportements, certainement car j'ai plus pris de le temps d'observer les gens cette fois-ci étant moins surpris par le décor! Peut être aussi car à mesure que j'avance sur le chemin je deviens plus sensible à ces petits détails qui revêtent finalement une grande importance.