Le Shinbukan Kuroda Dojo
Je vais essayé au cours de cet article de présenter le Shinbukan Kuroda Dojo et son Soke Kuroda SenseÏ que nous avons aussi vu au cours de notre séjour au Japon. Je dois préciser avant tout que
Kuroda Senseï est celui que je "connaissais" le mieux car il vient nous rentre visite en france pour deux stage par an depuis trois ans maintenant. Mais le rencontrer au Japon ou France
reste toujours une incroyable expérience, la principale différence est qu'en France on est "chez nous" alors qu'au Japon on se retrouve dans un monde complètement différent avec des moeurs et
coutumes toutes autres.
Au japon nous nous sommes entraîné trois à quatre fois par semaine. En général les entraînements durent trois heures. Selon les jours on peut
pratiquer les armes, le jujitsu, ou encore faire un cours libre qui donne l'occasion de réviser.
Il est toujours déroutant de voir Kuroda senseï. Même s’il vous accueille et vous enseigne comme si vous compreniez tout on repart du Shinbukan en général avec un sentiment de frustration tant le
niveau est élevé. C’est dans ce cas que je me remets en question et cherche de nouvelles alternatives pour progresser, enfin après avoir déprimé :).
C’est vrai que lorsque l’on voit un grand maître on est toujours perplexe quant aux chances que l’on a d’arriver un jour à atteindre un tel niveau simplement ne serais-ce qu’à reproduire quelques
uns de ses gestes. Mais face à Kuroda senseï je crois que c’est une pensée que l’on ne peut même pas avoir tant le fossé est énorme ! Pourtant
lui, lorsqu’il enseigne ne maintient pas cette distance, il crée une ambiance de travail qui fait que chacun à l’impression d’évoluer à son niveau (bien sûr). Il laisse le soin aux élèves de se
rendre compte, ou pas, du fossé qui les sépare. Par-dessus tout on sent qu’il aime enseigner et transmettre ce précieux héritage qui lui à été légué. Sans entrer dans les détails on voit bien une
fois de plus (comme tous les senseï que nous avons pu côtoyer) l’esprit d’ouverture dont fait preuve ce senseï aux capacités physiques vraiment
incroyables.
Je voulais parler un peu comme je l’ai fait pour chaque senseï des conditions de la pratique, de la manière dont nous avons été reçus mais je
ne pense pas que ce soit différent des autres maitres. Je choisi donc ici d’aborder un autre thème.
Kuroda senseï est un passionné comme tous les senseï que nous avons rencontré mais il y a une différence importante dans sa manière de travailler. Il a reçu dés son plus jeune âge (il portait
déjà l’armure d’entraînement à 5 ans !) un entraînement de la plus haute qualité par son grand père. Il n’a pas eu à chercher et à rencontrer comme les autres senseï des maitres pouvant le
guider dans sa recherche hormis un échange, dont il parle dans un article, très fructueux avec Kono senseï. Il a appris les katas de son école dans la plus pure tradition et au plus haut niveau
dés le départ, d’où sa manière d’enseigner au plus haut niveau également. Au Shinbukan n’entraient que des personnes confirmé et déjà avancé dans les arts martiaux. De ce fait il n’a pas eu
autant de doute que quelqu’un qui n’as pas encore croisé sur son chemin un maitre au niveau vraiment élevé car son grand père été déjà de ce niveau. Mais sans son génie personnel qui lui a permis
de comprendre et de faire évoluer cet héritage cela n’aurait pas été possible. C’est un être vraiment passionné comme je l’ai déjà dit. Et il aurait pu se contenter de prendre ce qu’on lui donné
sans chercher plus loin. Mais il y a quelque chose en lui qui le pousse à la recherche de la perfection constante. On pourrait penser comme c’est souvent le cas qu’il peut se laisser enfermer
dans sa pratique sans se remettre en question et finalement n’exécuter que des enchaînements techniques sans réflexion sur l’application réelle. Bien au contraire ce que l’on ressent face à ce
senseï extraordinaire c’est cette impulsion, cette présence qui le pousse toujours à corriger le moindre détail qui fait que pour un kata de kenjutsu par exemple si cela se passait à lames
réelles ces détails feraient la différence entre la vie et la mort. Et tout dans son enseignement est basé sur ce principe de préserver la forme originale, celle qui permettait aux guerriers
anciens de survivre en combat.
Lorsqu’il enseigne le jujitsu c’est toujours dans l’esprit d’amener le pratiquant à entrer dans « le monde du sabre » car c’est pour lui le plus haut niveau. Et effectivement quoi de
plus logique si on peut se défendre face à quelqu’un armé d’un sabre alors à mains nues cela devient un jeu d’enfant. Mais tout reste toujours une question de niveau car à niveau égal c’est
normalement celui qui est armé qui risque de l’emporter.
Cependant Kuroda senseï est bien loin de ces considérations terre à terre et ne se soucis guère de savoir si les gens comprennent ce qu’il
fait ou pas. Pour lui, enfin ce que j’ai ressenti plus tôt c’est que son héritage est comme un « trésor » qui ne s’épuise jamais et dont il découvre toujours ne nouveaux objets sans
jamais être jaloux de les partager pour peu qu’on puisse les comprendre. Je ne veux pas faire sa « psychologie » mais j’aimerais cependant transmettre au lecteur et pratiquant qui peut
lire ceci mes sentiments face à quelqu’un d’aussi impressionnant. En fait Kuroda senseï est assez décontracté au dojo comme d’ailleurs il l’est à
l’extérieur en sortie, il fait souvent des blagues et ne se prend absolument pas au sérieux. Il ne joue pas au petit samouraï alors que lui peut vraiment s’en revendiquer. Il fait preuve d’une
grande humilité très touchante. Par contre lorsqu’il parle d’arts martiaux ou qu’il prend son ken en main on voit alors tout le sérieux et la concentration de quelqu’un qui a voué sa vie à son
art et c’est un spectacle magnifique qui impose le respect et je crois que tout le monde autour dans ces moments peut ressentir la pression du uke face à lui tant elle est perceptible.
Je serai certainement amené à réécrire sur Kuroda Senseï et le Shinbukan car je n’ai absolument pas réussi à tout dire dans cet article. J’ai du moins essayé d’être le plus honnête possible face
aux sensations et aux souvenirs que j’ai de ce fabuleux voyage.